« La signification politique et morale de la pensée n'apparaît que dans les rares moments de l'histoire où « tout partant en miettes, le centre ne tient plus et la simple anarchie se répand dans le monde » ; où « les meilleurs n'ont plus de conviction, tandis que les médiocres sont pleins d'une intensité passionnée ». À ces moments cruciaux, la pensée cesse d'être une affaire marginale aux questions politiques. Quand tout le monde se laisse entraîner sans réfléchir par ce que le nombre fait et croit, ceux qui pensent se retrouvent comme à découvert, car leur refus de se joindre aux autres est patent et devient alors une sorte d'action. »
Hannah Arendt, Considérations morales, 1970.